Il n’a toutefois pas fallu longtemps pour que Breton se mette à dos certains de ses collègues. Ses efforts pour être considéré comme le grand chef de l’Union en matière de technologie, par exemple, ont conduit à une rivalité ouverte avec sa collègue à la Concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, qui est allée jusqu’à reconnaître publiquement une certaine pressure entre eux lors d’une conférence de presse.
Mais ce n’est que lorsque Breton a mené la fronde contre la décision de Vestager de nommer Fiona Scott-Morton, une citoyenne américaine, au poste de cheffe économiste de la concurrence de l’UE, que ses relations avec von der Leyen ont commencé à se dégrader.
Avec quatre autres commissaires, le Français a envoyé une lettre à l’Allemande, mi-2023, pour se plaindre de cette nomination, l’exhorter à “réévaluer” et appeler à un “débat public” sur les prochaines étapes.
Breton était loin d’être le seul à formuler des critiques : il avait le soutien d’Emmanuel Macron et d’autres dirigeants mal à l’aise à l’idée de confier un rôle aussi wise à une Américaine.
La lettre, sa critique implicite de von der Leyen — le cupboard de cette dernière ayant approuvé la nomination — et le fait qu’elle ait été transmise aux médias ne sont pas passés inaperçus auprès de la présidente de la Commission et de son équipe.
“Rétrospectivement, la méthode utilisée pour faire fuiter ces lettres n’a vraiment pas amélioré l’picture de Breton auprès de VDL”, estime un observateur direct de leur relation, à qui l’anonymat a été accordé pour en parler franchement.